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Les opposants aux mesures sanitaires, aux campagnes de vaccination et au certificat Covid commettent régulièrement des erreurs de logique à cause d’un emploi inadéquat des syllogismes.
Voici une série d’exemples :
- Madame Suzette Sandoz, blogueuse au Temps, remet souvent en question la vaccination anti-Covid et dans son post « Question de pur bon sens », elle écrit :
«On ne sait pas exactement quelle étendue d’immunité confèrent les vaccins à notre disposition…
On sait en revanche que le vaccin … n’empêche pas de contracter la covid,…
On conclut de ce qui précède qu’il ne peut être exercé de contrainte quelconque en faveur de la vaccination et …qu’aucune personne ne doit être vaccinée contre la covid sans avoir préalablement signé une déclaration de consentement éclairé. » - Dans les divers forums de journaux romands dont la Tribune, on lit typiquement :
« La vaccination protège de l’infection.
Les non-vaccinés peuvent transmettre le virus.
Donc, les non-vaccinées ne peuvent pas infecter les vaccinés et ne représentent pas de risque pour les vaccinés.
Or les vaccinés ont peur des non-vaccinés et poussent ces derniers à se vacciner.
La conclusion est que la vaccination actuelle n’immunise pas. » - Dans le dépliant politique « La voix de la raison » distribué en tout ménage le 11 novembre 2021, on peut lire l’argument suivant en page 2 :
« les personnes vaccinées sont porteuses de virus
et peuvent être contagieuses,
(donc il n’y a) aucun fondement du point de vue médical (au certificat Covid) »
Ces raisonnements et bien d’autres sont basés sur le très classique raisonnement logique appelé syllogisme qui est bien décrit dans Wikipédia en français comme Wikipedia en anglais. Un syllogisme fort connu est celui sur Socrates : « Tous les hommes sont mortels, or Socrate est un homme; donc Socrate est mortel ». Les curieux verront que le post de Madame Sandoz ressemble fortement au classique syllogisme d’Aristote de type modal avec une première prémisse contenant un « peut-être », une seconde prémisse de type mineure et un prédicat (conclusion).
Quels sont les problèmes avec ces raisonnements basés sur le syllogisme ? Ils sont nombreux :
- Les syllogismes peuvent être valides sans être vrais. Ainsi le syllogisme peut être valide formellement sans être conclusif car tous les prémisses ne sont pas forcément vrais.
- Les syllogismes sont fréquemment faux de manière involontaire (paralogisme) ou volontaire (sophisme). Ainsi, une conclusion absurde et paradoxale est déduite comme « Jésus est le fils de Dieu. Joseph est le père de Jésus. Donc Joseph est Dieu »
- Pour décrire le monde réel, les syllogismes n’apportent guère d’avancement et sont rarement applicables comme le notait déjà Sextus Empiricus un médecin phylosophe grec du IIe siècle.
- Pour les vérifications expérimentales, les syllogismes sont rarement utiles, ce qu’a bien révélé Francis Bacon au XVIIe siècle
Dans la pratique moderne scientifique en médecine comme en biologie, les raisonnements déductifs basés sur des syllogismes ont été remplacés depuis des siècles par des raisonnements par exemple basés sur des données expérimentales permettant de déduire des liens de causalité et des analyses statistiques rigoureuses.
Pourtant les syllogismes continuent d’avoir un attrait particulier et entier chez les juristes avec une fameuse blogueuse au Temps, des avocats pratiquant des plaidoiries qui ne sont fort heureusement pas « protocolées » dans les jugements des tribunaux et bien évidement des philosophes qui sont cités par les mouvements anti-vax opposés à la soit-disant dictature sanitaire. Dans ce contexte, il est révélateur que les mathématiciens et les statisticiens semblent particulièrement attirer la colère de ces mouvements.
En pratique, pour comprendre et apprécier les enjeux médicaux et scientifiques de société, il faut avec vigueur éviter ces syllogismes, se méfier des arguments de type catégoriel comme « le vaccin n’empêche pas la contagion » (page 3 de « La voix de la raison ») et …éviter de s’inventer biostatisticien.
PS: je n’ai ni ai eu aucun lien d’intérêt avec la pharma ni pour les vaccins à mRNA anti-infecteux.
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